Avec l'intelligence artificielle, les centres de données deviennent de plus en plus gourmands en électricité : ils pourraient doubler leur consommation d'ici 2030. Mais un espoir subsiste.

Les data centers consomment de plus en plus d'électricité. ©Shutterstock / Clubic
Les data centers consomment de plus en plus d'électricité. ©Shutterstock / Clubic

Si un gigantesque centre IA financé par l'argent du pétrole va bientôt être bâti en France, des solutions plus vertueuses apparaissent également : Amazon, par exemple, repense actuellement l'infrastructure de ses data centers et de plus en plus d'acteurs envisagent la géothermie pour alimenter leurs constructions.

Alors que des solutions émergent, un rapport de l’Agence internationale de l’énergie a rappelé l'urgence de la situation : d'ici 2030, les data centers pourraient doubler leur consommation. On fait le point.

" La consommation totale d’électricité du Japon aujourd’hui "

Paru ce jeudi, le dernier rapport de l'Agence pour Internationale de l'Énergie (AIE) est formel : avec l'arrivée de l'IA générative, la consommation en électricité des data centers va plus que doubler. En 2030, elle pourrait représenter 945 TWh, soit « la consommation totale d’électricité du Japon aujourd’hui » ou encore « un peu moins de 3 % de l’électricité mondiale. »

Cette hausse importante aura, on s'en doute, un effet non négligeable sur l'environnement : les émissions de CO2 passeront de 180 à 300 millions de tonnes. L'AIE a précisé que « bien que ces émissions restent inférieures à 1,5 % des émissions totales du secteur de l’énergie au cours de cette période, les centres de données sont parmi les sources d’émissions qui augmentent le plus rapidement. »

Aujourd'hui, les centres de données sont majoritairement implantés aux États-Unis, en Europe et en Chine. Ceux-ci représentent à eux seuls 85 % de la consommation mondiale et cela soulève de nombreuses problématiques, notamment en matière de coûts. Pour trouver de l'électricité moins chère et damer le pion à la concurrence en matière d'IA, le président Trump n'a pas attendu longtemps et a demandé la création d'un « Conseil national pour la domination énergétique. »

 Consommation électrique mondiale des centres de données, par équipement, scénario de référence, 2020-2030 ©AIE, Paris
Consommation électrique mondiale des centres de données, par équipement, scénario de référence, 2020-2030 ©AIE, Paris

Un impact qui pourrait être compensé en agissant intelligemment

Mais d'autres solutions pourraient être trouvées. L'AIE estime qu'il faudra multiplier les sources d'énergie pour alimenter ces constructions toujours plus gourmandes. Les data centers pourraient, par exemple, se tourner vers les énergies renouvelables et le gaz naturel, des solutions que l'on peut trouver plus facilement et qui sont, surtout, moins onéreuses.

Le rapport s'avère aussi étonnamment optimiste quant à l'IA : pour l'AIE, cette technologie pourrait favoriser l'innovation, notamment dans le domaine des batteries et du photovoltaïque, et contribuer à endiguer la hausse de consommation d'électricité et d'émissions de CO2 qu'elle génère. De plus, d'autres incertitudes subsistent : « l’adoption de l’IA n’est pas garantie et pourrait être annulée par des effets de rebond et une augmentation de la consommation de combustibles fossiles. »

Fatih Birol, directeur exécutif de l'AIE, exhorte notamment les décideurs à se saisir de ses questions et à lancer toutes les actions nécessaires pour accompagner intelligemment cette évolution : « Avec l'essor de l'IA, le secteur de l'énergie est à l'avant-garde de l'une des révolutions technologiques les plus importantes de notre époque. L'IA est un outil potentiellement incroyablement puissant, mais c'est à nous – nos sociétés, nos gouvernements et nos entreprises – de décider comment l'utiliser. »

Source : Le Monde